Des fonctionnaires à double casquette
- Les auteurs de manuels scolaires sont en général des fonctionnaires de l’Éducation nationale. Ils sont professeurs en activité ou à la retraite, participant à la rédaction des programmes, faisant partie de comité de réflexion sur l’éducation ou la pédagogie, chercheurs, cadres de l’enseignement ou simples enseignants ayant une pratique éprouvée de la classe.
- Les auteurs doivent avant tout posséder une expérience de l’enseignement, que ce soit par une pratique de la classe (indispensable) ou par une réflexion pédagogique, qui ne suffit pas pour autant à elle seule.
Quelle équipe pour quelle réussite ?
- Les auteurs constituent une équipe de quelques personnes travaillant à un même manuel et à son livre du professeur. En effet, en général il y a plusieurs auteurs, de deux minimum à environ une dizaine. Cela est dû :
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- à la lourdeur de la tâche à accomplir : on peut considérer qu’une page de manuel correspond à quatre pages différentes, c’est-à-dire qu’elle aura été remaniée (réécrite, avec un dessin refait, etc.) trois fois avant d’atteindre sa forme définitive et son contenu final ;
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- au peu de temps imparti pour faire ce travail : les manuels devant arriver en classe à une date précise, il est hors de question de repousser la date de départ chez l’imprimeur, quitte à travailler la nuit !
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- Par ailleurs, un même manuel peut contenir plusieurs spécialités (histoire et géographie, algèbre et géométrie…) dans lesquelles un auteur se sentira plus à l’aise qu’un autre.
- Par ailleurs, un même manuel peut contenir plusieurs spécialités (histoire et géographie, algèbre et géométrie…) dans lesquelles un auteur se sentira plus à l’aise qu’un autre.
- L’idéal est de former une équipe comprenant un directeur d’ouvrage (voir ses fonctions en séquence 9) et deux à quatre auteurs.
- Au-delà de cinq personnes, les interactions (envois de courriers, appels téléphoniques, réunions de travail) commencent à être trop nombreuses et, en dessous de deux, la charge de travail est trop lourde. Tout dépend, cependant, du manuel considéré, de la classe et de la matière. Pour un manuel d’histoire destiné aux terminales, on aura facilement plus de cinq auteurs, tandis que deux auteurs suffiront parfois pour un ouvrage de mathématiques destiné aux CP. Il est rarissime qu’un seul auteur prenne en charge tout un manuel et son livre du professeur.
- Deux types d’équipes peuvent être constituées :
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- une équipe d’auteurs de statut équivalent. Dans ce cas, chaque auteur a un rapport direct avec l’assistant éditorial qui chapeaute l’ensemble du travail et veille au calendrier comme à la qualité du contenu, ainsi qu’à la bonne réalisation de la mise en pages, de la correction et de l’illustration ;
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- une équipe d’auteurs avec un directeur d’ouvrage. Le directeur d’ouvrage travaille avec l’éditeur (directeur de maison d’édition ou responsable éditorial) à élaborer le concept du manuel puis fait l’intermédiaire entre l’assistant éditorial et les auteurs, et veille au calendrier comme au contenu du manuel.
- une équipe d’auteurs avec un directeur d’ouvrage. Le directeur d’ouvrage travaille avec l’éditeur (directeur de maison d’édition ou responsable éditorial) à élaborer le concept du manuel puis fait l’intermédiaire entre l’assistant éditorial et les auteurs, et veille au calendrier comme au contenu du manuel.
Comment trouver des auteurs ?
- Pour choisir des auteurs, trois moyens sont à votre disposition :
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- faire appel à un professeur expérimenté et de confiance qui va constituer son équipe d’auteurs parmi ses relations ;
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- faire appel à différents professeurs qui ont déjà réalisé des manuels ou ont une pratique de la rédaction de manuels scolaires ou de livres éducatifs et les tester ;
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- choisir des professeurs en activité et les tester.
- choisir des professeurs en activité et les tester.
- L’idéal est de constituer une équipe de personnes qui se connaissent : une personne ayant une expérience du manuel scolaire (en qui on a confiance pour avoir déjà collaboré avec elle, par exemple), choisit de deux à quatre confrères pour constituer son équipe. Souvent, cette personne endosse alors le rôle de directeur d’ouvrage.
- Le profil type d’un directeur d’ouvrage est celui d’un professeur, en activité ou non, qui a eu des responsabilités dans la formation des enseignants, comme cadre de l’enseignement ou rédacteur de programmes. Il a déjà rédigé des livres éducatifs, que ce soit des manuels, des ouvrages parascolaires ou des livres de pédagogie. Pour trouver un directeur d’ouvrage, il faut :
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- consulter les manuels existants et rencontrer les auteurs de ces manuels qui ne travailleraient plus avec l’éditeur ;
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- consulter les ouvrages parascolaires ou de pédagogie connaissant un certain succès et rencontrer leurs auteurs ;
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- dans les pays où l’État fournit un premier contenu et quand l’éditeur doit reprendre le travail avec une équipe d’auteurs : rencontrer les rédacteurs des contenus des manuels ;
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- rencontrer des rédacteurs de programmes quand ceux-ci sont des professeurs ou ont eu une pratique de l’enseignement.
- Une fois que le contact a été établi, plusieurs rencontres sont nécessaires pour évaluer la capacité de la personne à diriger une équipe d’auteurs et à transformer ses compétences de professeur ou de théoricien de la pédagogie en qualités de concepteur de manuel scolaire.
- Il faut partir du principe qu’un bon auteur est d’abord un bon professeur :
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- un professeur qui a réfléchi à sa pratique de l’enseignement, qui sait « ce qui marche et ce qui ne marche pas » avec les élèves ;
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- qui utilise et connaît bien les manuels scolaires ;
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- qui a une pratique des programmes, et qui les a analysés.
- Mais cela ne suffit pas : un bon auteur possède aussi la capacité de transformer toutes ses qualités de professeur et sa faculté d’analyse en un travail de conception d’outil destiné à une classe d’où il sera absent, menée par un professeur qui ne sera pas lui.
- C’est la difficulté essentielle de l’élaboration d’un manuel : arriver à s’abstraire et à constituer quelque chose pour un autre que celui qui le crée. Il faut penser à la place des milliers de personnes qui consulteront et utiliseront ce manuel sans pouvoir communiquer avec son concepteur, dans des conditions souvent bien différentes de ce qu’on imagine quand on rédige et quand on organise des chapitres !
- Il est rarement judicieux de travailler avec des universitaires, car on a plus besoin dans un manuel d’une pédagogie présentant des contenus adaptés aux élèves que d’une expertise scientifique exhaustive. Or, les universitaires ont tendance à faire le livre en pensant à leurs confrères de l’université plutôt qu’aux élèves qui se serviront du manuel, ce qui les conduit à écrire eux-mêmes, ou à exiger des auteurs de l’équipe des contenus non adaptés au niveau d’enseignement. Bien sûr, si un universitaire a été ou est également professeur dans la classe du manuel, alors l’appréciation de son apport est différente.
- Quand on n’a pas la possibilité de trouver un directeur d’ouvrage qui constituerait son équipe, il faut recruter différents auteurs qui ne se connaissent pas forcément et tester leurs capacités. Afin de trouver des professeurs qui deviennent auteurs, on peut :
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- demander aux établissements voisins ou à ses relations si des professeurs sont actifs dans l’analyse de leur enseignement ou exercent une autre activité témoignant d’un goût pour leur métier ;
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- assister à des cours de ces professeurs en demandant un droit d’accès au directeur d’école ;
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- consulter Internet à la recherche de professeurs qui auraient une activité sur le Net (qui proposeraient des ressources à des élèves ou à d’autres professeurs, etc.) ;
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- consulter les manuels existants et rencontrer les auteurs de ces manuels qui ne travailleraient plus avec l’éditeur ;
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- consulter les ouvrages parascolaires ou de pédagogie connaissant un certain succès et rencontrer leurs auteurs.
Comment s’assurer de la qualité des auteurs ? Le questionnaire
- Voici un exemple de questionnaire reprenant les questions qui doivent être posées lors des entretiens avec un auteur potentiel.
- Pour évaluer la capacité du directeur d’ouvrage à manager une équipe :
Cliquez sur les images pour les ouvrir. Cliquez sur « Zoom » pour les agrandir ou les rétrécir. Cliquez sur la croix pour les fermer.
- Ces questions permettent de vérifier si un professeur possède les compétences techniques et relationnelles, ainsi que la motivation, nécessaires à la conception d’un manuel. Cependant, beaucoup d’auteurs potentiels n’ont pas forcément de réponse pertinente à toutes ces questions sans pour autant être de futurs mauvais auteurs.
- L’impression générale, bonne ou mauvaise, compte beaucoup également : le travail sur un manuel est une aventure humaine qui demande cordialité, souplesse, motivation et intelligence, en plus de la considération pour les manuels, les élèves et la matière. Un test permet également de se faire une bonne idée de la qualité d’un auteur.
Comment s’assurer de la qualité des auteurs ? Le test
- Si le professeur n’a pas encore été auteur de manuel, il est préférable de le tester. Pour cela, il faut lui donner un modèle de chapitre (une page double de cours ou d’expériences selon la matière et une page double d’exercices, une page de compléments avec des indications de calibrage du texte, de nombre d’images et de nombre d’exercices) et un sujet à traiter. Selon la matière, il devra rédiger :
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- un cours (histoire, géographie, français, langue…) ;
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- des questions sur des images qu’il aura associées au cours ;
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- une activité (sciences) ;
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- quelques exercices, dont un de découverte et un d’évaluation ;
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- un sujet d’activité complémentaire.
- Le mieux est de reprendre un modèle de chapitre d’un manuel existant dans la matière et la classe (venant de l’étranger s’il n’y en a pas encore dans le pays) et de s’en inspirer pour faire faire le test.
- Déroulement du test : l’auteur potentiel rencontre l’éditeur, puis il prépare un manuscrit chez lui à partir des indications de l’éditeur, il le lui apporte ou le lui envoie. Une fois seul, l’éditeur lit son travail et l’évalue. Puis, il « fait un retour » à l’auteur, en le rencontrant de nouveau ou à distance.
- Quand on reçoit le test, on peut s’aider de manuels existants pour juger de sa qualité. Il faut particulièrement faire attention aux éléments suivants :
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- le sujet est-il bien celui qui devait être traité ?
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- les points importants de ce sujet apparaissent-ils ?
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- la structure du chapitre est-elle claire ?
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- la hiérarchie des titres et des éléments est-elle nette ?
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- la progression : le manuscrit va-t-il du plus simple au plus complexe ou en tout cas adopte-t-il une démarche clairement perceptible ?
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- le calibrage respecte-t-il ce qui était demandé ou est-il légèrement supérieur ?
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- les consignes livrées ont-elles été observées ?
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- le niveau de langue employé correspond-il à la classe ?
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- les phrases sont-elles assez courtes, leur syntaxe est-elle simple ?
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- le vocabulaire : les mots employés le sont-ils à bon escient ? sont-ils connus des élèves ?
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- l’orthographe est-elle juste ?
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- les images sont-elles pertinentes ?
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- les questions sur les images sont-elles intéressantes ?
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- expérience ou exercice : est-ce intéressant ? original ? simple ?
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- les consignes sont-elles faciles à comprendre ?
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- les questions sont-elles claires ?
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- peut-on y répondre ?
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- les exercices varient-ils les approches ? présentent-ils bien des niveaux de difficultés différents ?
- les exercices varient-ils les approches ? présentent-ils bien des niveaux de difficultés différents ?
- L’idéal est de faire lire ces tests à un autre professeur pour recueillir son avis, ou à un autre auteur déjà sélectionné.
- Il peut être utile de tester également le directeur d’ouvrage en lui montrant un cours, avec des illustrations et des exercices, et en lui demandant ce qu’il en pense, quelles sont les améliorations qu’il apporterait (véracité scientifique, approche des questions, pertinence du choix des images, niveau du cours, style, etc.).